
S’appuyer sur une licence forte déjà établie pour vendre un jeu est un atout considérable. C’est ce qu’a bien compris Koei Tecmo qui, à côté de sa série principale Warriors/Musô se déroulant dans le Japon féodal, propose régulièrement des épisodes dans des univers du jeu vidéo ou du manga. Même si les résultats sont loin de tous être convaincants, les efforts apportés aux dernières moutures pour coller au mieux au matériau d’origine portent leurs fruits, apportant certes le côté fan service mais aussi une profondeur à des titres forcément répétitifs. Que ce soit pour Dragon Quest Heroes, Hyrule Wariors ou Fire Emblem Warriors, réunir les protagonistes des différents jeux donnait droit à des histoires de portails dimensionnels qui, bien que très pratiques, apportaient peu à chaque univers. Avec l’Ère du fléau sorti en novembre 2020, on a frôlé l’épisode canonique. Mais en février 2021, le reste du monde a pu jouer, un an après les japonais, à la suite du RPG Persona 5, qui revêtait pour l’occasion son costume de Musô.
Fantomasque

On se retrouve d’emblée en terrain connu, que ce soit visuellement ou musicalement, et ce pour notre plus grand plaisir. Joker et Morgana sont de retour à Tokyo pour les vacances d’été, 6 mois donc après les évènements de Persona 5, car la bande des voleurs fantômes a décidé de se réunir pour les vacances qu’ils comptent planifier grâce à une nouvelle application faisant fureur, EMMA. En quête d’emplettes dans le quartier de Shibuya, les choses prennent une tournure étrange puisque les héros sont amenés à porter de nouveau le masque et leur tenue dans le métaverse, sans en comprendre la raison. Très vite, les problèmes arrivent mais une rencontre les sortira de ce mauvais pas. Une fois la bande réunie, on comprend alors que certaines personnes se servent du métaverse pour dérober le désir des gens et ainsi, influencer leur volonté. Après de nombreux dialogues, Persona oblige, l’équipe part explorer ces nouveaux palais, renommés prison, afin d’y combattre le monarque à l’origine de ces changements.
EMMA Persona alors ?

Ces phases d’exploration vous permettront de vous familiariser avec un système de combat qui paraît brouillon dans un premier temps. On est bien dans un musô qui vous demandera de défier des hordes d’ennemi en enchaînant les combinaisons de 2 boutons, mais il faudra impérativement utiliser les éléments inhérentes à la série d’Atlus que sont résistance et faiblesse élémentaires. En fonction de la persona et du combo utilisé, une attaque magique, un soin ou un buff sera lancé automatiquement sans utilisation de MP, mais il sera possible de choisir manuellement l’action de votre persona en puisant dans votre précieuse barre de magie. Cette action entraîne une pause bien pratique dans l’action permettant entre autres de changer de Persona. Car au fil des combats, il sera possible de récupérer le masque d’un ennemi qui rejoindra vos rangs.
Bien que l’aspect négociation ait disparu, la fusion sera quant à elle bien présente, toujours aussi prenante. En plus de Joker, vous pourrez prendre le contrôle des 3 autres membres de votre équipe d’une simple pression sur une touche directionnelles, et viser les points faibles des ennemis pourra générer une attaque relais, en plus d’entamer la barre de résistance de l’ennemi, qui une fois vide, vous permettra de lancer une attaque générale. En rajoutant la barre de coup spécial qui se charge avec le temps, ce sont des mécaniques bien différentes et propres à chacun des styles de jeu qu’il vous faudra rapidement maîtriser. Pas forcément évident mais gratifiant et très plaisant, même si on notera du coup un petit manque de patate. En cas d’échec répété, le jeu vous proposera de passer en mode facile sans aucune incidence sur la suite, difficulté qu’il est possible de changer à la volée, permettant à tout le monde de progresser en fonction de ses envies.
Very Good Trip

À bord d’un van, la fine équipe sera amenée très vite à parcourir plusieurs villes du Japon, donnant logiquement lieu à des rencontres, des scènes de vie tantôt touchantes, tantôt pleines d’humour, bien que l’écriture semble un cran en dessous et parfois un peu précipitée. Les thèmes abordés restent en revanche sérieux et d’actualité. Contrairement à ce qui pouvait être un élément frustrant du RPG, il sera possible de partir en exploration selon vos envies pour accomplir des quêtes annexes ou pour récupérer des personas, puis de revenir à la narration, donnant au tout une meilleure fluidité. Sans égaler la qualité des donjons de Persona 5, les prisons, dépourvues de l’aspect forteresse d’un Musô, ont des identités visuelles très marquées soutenues par les excellents thèmes musicaux, qu’ils soient anciens ou nouveaux. Ces phases d’exploration seront entrecoupées d’aller-retour dans les menus pour gérer l’équipement de votre équipe et les compétences de groupe obtenues grâce au lien forgé entre les personnages au fil de l’aventure, mais aussi dans la Velvet Room pour gérer vos personas (un peu pour la musique aussi), et enfin dans la réalité, pour vous réaprovisionner ou pour faire avancer l’histoire. En plus des ombres et des démons qu’il faudra affronter, des boss, plutôt retors notamment au début, se mettront régulièrement sur votre route.
Quelques ombres au tableau
Ces combats, comme d’autres moments clés de l’aventure, seront ponctués de séquences animées assez dignes d’un dessin animé. La patte graphique du jeu, bien que toujours présente, est moins bien travaillée et donne l’impression d’un jeu en retard techniquement, dans la veine ce que les Musô proposent d’ordinaire. C’est particulièrement le cas sur Switch où l’aliasing, toujours lui, provoque parfois un certain inconfort visuel dans les scènes de dialogues. En revanche, les animations sont toujours stylées et les combats ont été soignés malgré le nombre d’éléments affichés à l’écran. Ni la somme des moults effets visuels, ni le nombre d’ennemi conséquent ne feront sourciller la fluidité du jeu. Seuls quelques petits soucis de caméra viendront vous gêner occasionnellement, notamment lorsqu’il y a des actions contextuelles disponibles dans la zone de combat. Enfin, on peut noter que pour un musô, la durée est dans la moyenne basse sachant que les titres sont bien connus pour avoir un contenu gargantuesque pour qui aime compléter un jeu à 100%. Aucunement gênant, l’aventure est suffisamment longue pour vous occuper de nombreuses heures, sans avoir l’impression de faire tout le temps le même chose.
Résumé :
Plus qu’un Musô drapé d’une skin Persona, c’est en réalité une vraie bonne suite à Persona 5 que Koei Tecmo a réussi à proposer. La richesse du RPG d’Atlus apporte un univers visuel et sonore marquant, une narration prenante et un système de jeu très riche tandis que le côté bourrin d’un Musô permet de donner à l’aventure un rythme moins dirigiste qu’il est possible de modeler selon ses envies. Certes, le jeu est moins choyé et un peu moins bien écrit, mais le tout est vraiment très agréable et prenant. Si les héros de Persona 5 vous manque, foncez, que vous aimiez les Musô ou non.
Bien | Pas bien |
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Le retour des voleurs fantômes | Une technique moins maîtrisée |
Des musiques toujours au top | Une écriture un peu expéditive |
Les systèmes de jeu et la touche Persona | Un contenu limité pour le genre |
L’apect Musô bien intégré | |
Des combats riches et exigeants | |
Un rythme de jeu moins subi | |
Toujours attachant et touchant |