
Grace à l’opération « Play at home » de Sony, nous pouvons actuellement télécharger une dizaine de jeux gratuitement sur le store. Dans ce cadre, un certain « Horizon Zero Dawn : Complete Edition » sera proposé à son tour à partir du 19 Avril. Ce choix savant de Playstation permet aux joueurs de découvrir les origines d’Aloy avant de s’attaquer au deuxième opus, toujours prévu pour cette fin d’année. Cet action/rpg solo en monde ouvert est développé par Guerilla Games, sous l’égide de SIE worldwides studios. Pour rappel, ce studio est essentiellement connu pour sa saga Killzone, un shooter à la première personne. La complete Edition comprend le jeu de base et l’extension Frozen wild. Comptez trente cinq heures pour faire un bon tour du jeu et le double pour tout terminer. Au menu : des dinos mechas, une héroïne, un monde ouvert post post apo et … des dinos mechas !
On s’caille nette !
L’histoire se déroule sur Terre dans un contexte post apocalyptique. Des créatures mécaniques ont envahi le monde et les Hommes, dont la civilisation s’est écroulée il y a des milliers d’années, vivent en tribus. Au milieu des montagnes enneigées vit Aloy, jeune chasseuse bannie depuis son enfance de la tribu des Nora. Elle a appris à vivre hors de la société avec son père adoptif Rost. Notre protagoniste est forte, agile, rusée et équipée d’un Focus, artefact de l’ancienne civilisation. Alloy est prête à se défendre face aux machines et à retrouver ses origines lorsque nous démarrons l’aventure. Le postulat de départ est original et très rapidement nous cherchons avec Aloy la raison du soulèvement des machines, son ascendance, le sens des vestiges des anciens…

Dans l’ensemble, l’histoire tient ses promesses dans ses révélations et l’intrigue principale est captivante bien que légèrement alambiquée. D’ailleurs, mon petit doigt me dit qu’une adaptation en série par Netflix ne serait pas improbable. En revanche, nous pouvons relever que l’introduction est longue et que la narration n’avance essentiellement que dans le dernier tiers de l’aventure. Ainsi, nous avons une réponse dense qui se développe en finalement peu de temps ; ce qui n’est pas forcément le plus digeste. Le jeu pourrait tomber des mains au milieu de l’aventure. Cette lassitude ne sera pas aidée par la tonne de notes écrites et des enregistrements audio révélant pourtant une certaine richesse dans le récit.

La quête principale tient en haleine et les quêtes secondaires ne sont pas en reste. Elles sont scénarisées et intéressantes, même si tous les enjeux ne se valent pas. Nous ne sommes pas dans la compilation de quêtes fedex. Autant dire qu’il y a un grand écart avec Final Fantasy 15 qui 4 mois plus tôt, nous proposait de chercher des grenouilles ou des légumes… Enfin, on peut noter que nous avons là une superbe héroine : Aloy. Ayant été rebut toute sa jeunesse, Aloy est devenue une femme forte, assez cynique et malgré tout altruiste. Lors des discussions, le joueur peut d’ailleurs souvent choisir les réponses de la jeune femme selon les sentiments souhaités. Dommage que cela n’ai aucune conséquence in fine. Autant le dire, l’écriture en général n’est pas à la hauteur d’un The Witcher avec sa finesse, ses subtilités et ses choix du « moindre mal ».
Que la montagne est belle
Horizon zero dawn a accompagné la sortie de la PS4 pro en 2017 afin de tirer profit de cette puissance, de la définition tirant vers la 4K et du HDR. HZD fût une belle vitrine pour la machine de mid-gen. Les paysages sont splendides et variés avec une belle profondeur de champ. Que l’on soit dans les canyons arides, les montagnes blanches ou les vestiges de l’âge de métal, la colorimétrie flatte la rétine et le HDR est utilisé au poil dans les éclairages. Le travail sur le HDR est parfait et permet d’intensifier chaque flèche en flamme, explosion ou juste le dieu soleil. Les effets météorologiques sont parfaitement retranscrits et on se souviendra évidemment de ces tempêtes de neige qui font remettre le plaid en place.

En dehors de la technique, la direction artistique en général est superbe. Le jeu date de 2017 mais il fait encore parti des plus beaux open world. Sur un point de vue purement graphique, je dirai que seuls les visages manquent de détails. Aloy est bien incarnée et expressive mais les PNJ n’ont pas tous le même traitement. Pour terminer sur la forme, le monde ouvert où nous progressons dans l’aventure est suffisamment vaste pour permettre différents biomes. C’est un plaisir de découvrir ces magnifiques contrées tout en relief. On pardonnera les quelques bugs en tout genre (notamment sonore sur quelques dialogues) et murs invisibles qui font tâches.
Rage against the machine
Le point fort d’Horizon est l’action et le bestiaire proposé. Avant de s’attaquer aux grosses bêbêtes, détaillons les combats. Nous avons là des affrontements nerveux et très plaisants, laissant le choix au joueur de chasser à sa façon. Préparer une zone de chasse minée, examiner les points sensibles et détruire les armes des machines, attaquer de front et renverser l’ennemi pour assener un coup critique, prendre de revers à distance avec des flèches spécifiques… que d’approches possibles pour dominer l’adversaire. Les zones de combat se prêtent bien aux affrontements notamment face aux plus grosses bestioles qui attendent dans des arènes dissimulées. On sent que Guerilla Games a pu mettre en application leur savoir faire en matière d’action bien que la philosophie soit ici bien différente de celle de Killzone. La chasse aux monstres est le point le plus captivant à mes yeux.

Cette inspiration issue de Monster Hunter n’est pas la pire des idées surtout quand le bestiaire proposé est aussi complet. Cela va des simples raptors ou biches aux oiseaux électriques majestueux et crocodiles géants. Il y a des frissons lors des confrontations avec le griffe de feu daemoniaque ou les gueules d’orage qui restent en mémoire. Les monstres de métal ont des animations bluffantes et leurs comportements s’adaptent selon les parties du corps abimés. Il y a un réel plaisir de découvrir de nouvelles espèces. Au vu de la durée du jeu, le nombre d’ennemis est bien satisfaisant. À noter qu’il y a quelques camps de bandits à nettoyer mais que l’intérêt est minime étant donné l’IA des humains.
Attraper froid face au souffle de la nature
Alors sortir un action/ rpg dans un joli monde ouvert avec une histoire sympa et d’excellents combats est une très bonne idée… sauf quand on le sort 4 jours avant le jeu redéfinissant le genre : Zelda Breath of the Wild. Il faut rappeler qu’Horizon est le premier monde ouvert des développeurs de Guerilla Games ; ces derniers ont repris les codes du genre traditionnels, « à la ubisoft » dirons-nous. Ainsi, nous retrouverons les points d’intérêt à tout va sur la map (un comble pour une terre désolée), les tours dévoilant les secrets à proximité, l’overdose de loot et de craft, le système d’expérience, l’arbre de compétences débloquant des techniques d’attaques, d’exploration ou de piratage… tout est là. Nous sommes sur du très classique, alors si vous êtes lassé par cette formule d’open World/ rpg, passez votre chemin !

Il est intéressant de comparer ces deux propositions. Tout d’abord, l’exploration a été transcendée par Nintendo qui propose un système d’escalade libre et une paravoile pour quitter les hauteurs rapidement. Aloy ne peut prendre appui que sur les fameuses corniches blanches. Au départ, on peut être trompé par des plateformes facilement accessibles mais impossible car non prévu par le jeu. L’expérience d’escalade n’est pas aidée par les quelques soucis d’accroche. Bien que certaines descentes se fassent en rappel, on aurait aimé avoir une « paravoile » pour sauter des falaises en toute liberté. Horizon guide l’exploration avec une carte bourrée de points d’intérêt, il est donc extrêmement rare de découvrir quelque chose par soi même au final et il suffit d’ouvrir la carte pour suivre le voyage organisé et courir après les marqueurs.

Double effet kisscool : cette abondance peut décourager le joueur. Pour ma part, j’aurai aimé découvrir des grottes cachées en pleine montagne avec des gourmandises au bout par exemple. BotW, lui, pousse le joueur à se perdre et visiter un coin reculé pour découvrir un sanctuaire caché. Le héros lui même est caractéristique de cette proposition d’aventure puisque Link reste muet et nous laisse vivre notre aventure à notre façon, réfléchir à la direction à emprunter ou prendre prendre le temps de résoudre un casse tête alors qu’Aloy parle toute seule, nous rappelle l’enjeu de la quête, nous indique où aller ou nous apporte un début de solution au bout d’un certain temps dans la même salle… Même si on peut gagner en immersion, je trouve que ce questionnement personnel perpétuel est symptomatique d’une aventure téléguidée.

Ceux qui ont fait la dernière grande aventure de Link reprocheront à Horizon un manque d’interaction dans son terrain de jeux. Il n y a pas de synergie ou de mécanique imbriquée permettant d’interagir avec l’environnement. Exemple simple : une flèche enflammée ne brûlera jamais de l’herbe et le vent ne déplacera jamais ce brasier. Le monde d’Horizon a une plastique magnifique mais il est finalement plus creux que celui de Zelda. Concernant la progression et la montée en puissance du personnage, le modèle classique qu’emploie Guerilla Games est un système d’expérience, d’arbre de compétence et d’armes à améliorer. Cela a fait ses preuves c’est certain. Cependant, Nintendo, là aussi est allé plus loin et propose une augmentation de la vie, de la jauge d’escalade et de la découverte de nouvelles armes. Tous les outils sont donnés à Link dès l’introduction afin de pouvoir donner une liberté d’exploration totale au joueur. C’est en s’aventurant dans l’inconnu que l’on découvre des sanctuaires, qu’on augmente la capacité d’escalader et qu’on peut découvrir de nouvelles zones, de nouveaux sanctuaires etc…

La reine des neiges
Pour terminer, quelques mots sur l’extension Frozen Wild. Ce contenu supplémentaire s’intègre bien et il est accessible rapidement dans l’aventure. Cependant, je conseille de s’y aventurer vers la fin de la quête principale. C’est plus cohérent d’un point de vue scénaristique et il faut un niveau supérieur à 30-35 pour commencer à explorer ces contrées enneigées sereinement. Cette belle zone glacée apporte une mécanique de combat supplémentaire, un objectif principal satisfaisant et son petit lots de chasses, PNJ, quêtes… Il y a peu de nouveautés mais les qualités du jeu de base sont toujours aussi présentes.

Résumé :
Même si Horizon zero dawn n’apporte strictement rien dans sa vision de l’action/rpg en monde ouvert, il s’est démarqué très nettement par son univers riche, son héroïne, ses combats et sa beauté. Les quelques défauts ne demandent qu’à être gommés dans une suite. C’est un bon jeu d’aventure qu’il faut découvrir dans le Play at home si ce n’est pas déjà fait. Guerilla Games est sorti de sa zone de confort et a réussi sa nouvelle licence. Aloy a bien mérité une seconde aventure sur PS5 !
Bien | Pas bien |
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Un monde magnifique | Un modèle usé |
Réalisation superbe | Une introduction longuette |
Le bestiaire | Le rythme de la narration concernant la trame principale |
Les combats contre les machines | Les soucis d’accroche dans les phases de grimpette |
Une histoire originale et intrigante | Affronter les humains, sans intérêt |
Aloy | |
Le Sound design |