
Sorti en 2012 sur Nintendo 3DS et édité par Square Enix, Bravely Default était destiné aux amateurs de RPG à l’ancienne, tout en proposant une direction artistique bien particulière. Très bien accueilli malgré une fin répétitive et redondante, le jeu, son système et ses musiques avaient alors marqué le genre et les joueurs un peu à la surpises générale, ce qui amena une suite 3 ans plus tard, Bravely Second : End Slayer, se déroulant dans le même univers mais critiqué pour sa ressemblance trop appuyée avec son aîné. Laissé au placard jusqu’alors, le succès monstre de la Nintendo Switch était une occasion trop belle pour ne pas ressortir la licence, pour le meilleur du RPG et le pire de la Switch.
Quatre braves héros et une sombre histoire de cristaux
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En refaisant parcourir au joueur le même monde et en lui faisant recroiser les mêmes têtes, Bravely Second avait sans doute accentué le sentiment de déjà vu lié au suite directe, d’autant que son histoire ne tenait pas vraiment la route. En nous faisant découvrir un nouvel univers, celle de Bravely Default II s’en sort très bien et pioche dans ce qui apparaît comme le lore de la série, à savoir les cristaux élémentaires, les fées et les astérisques. De même, elle se concentrera une fois encore sur 4 personnages de différentes origines, certes pas très originaux, mais auxquels on s’attache en découvrant plus profondément leur passé ou dans les phases de discussion qui ponctuent le périple, et qui arrivera même à toucher la corde sensible. Tout est très vite introduit et cela ne prendra pas plus de 5 minutes de jeu pour que la mauvaise troupe soit réunie et se mette en route pour accomplir sa destinée. Une mise en place efficace et rapide qui est très appréciable.

Comme toujours, il faudra parcourir différentes contrées et résoudre diverses intrigues qui se révèleront liées les unes aux autres, rien de très surprenant mais suffisant pour maintenir l’intérêt du joueur tout au long de l’aventure, plus longue qu’elle ne veut bien le laisser croire. L’alternance entre narration et combat est bien équilibrée et les quêtes annexes, souvent complémentaires du scénario principal, apportent leur pierre à l’édifice. On pourra tout particulièrement saluer la présence d’un jeu de cartes qui n’est pas sans rappeler celui de FFVIII, le Barrage & Domination, tout aussi réussi et addictif. Finalement, la vraie force de ce que nous raconte ce Bravely Default réside dans dans les thèmes abordés, matures et sombres, où la mort n’est pas épargnée, mais aussi dans l’écriture de ses personnages secondaires, souvent révélateurs du caractère versatile de la nature humaine. Ces rencontres se finiront en général par un combat à la fin duquel vous récupèrerez l’objet vous permettant de changer de classe.
Un classical RPG de grande classe

Composantes essentielles d’un bon RPG, ses systèmes de combat et d’évolution de personnages peuvent très vite rendre l’experience pénible et lassante s’ils manquent d’intérêt. Quand les 2 sont maîtisés de la sorte, il devient motivant d’enchaîner les combats, malgré la fréquence de ces derniers. Dans la pure tradition du jeu de rôle japonais, les combats sont gérés au tour par tour mais avec ce qui fait le sel de la licence et qui lui a donné son nom : le système de Brave et de Default. Pour faire simple, il vous sera offert la possibilité d’agir normalement, de stocker un point d’action tout en vous protégeant (Default) ou de puiser dans les points accumulés et/ou à crédit (Brave), la limite étant de 3 au maximum, aussi bien dans le positif que le négatif. Cette trouvaille ingénieuse pousse le joueur à planifier ses actions et à prendre plus ou moins de risque, sachant qu’un personnage ayant un compteur dans le rouge sera incapable d’agir jusqu’à la remise à zéro. Quand vous ajoutez à cela les traditionnels faiblesses élémentaires et altérations d’état, cela donne droit à des combats tactiques qui peuvent être vite expédiés ou très vite compliqués, avec des affrontements de boss palpitants, pas forcément évidents au début du jeu.

Comme dans tout bon jeu de rôle, il faudra aussi bien préparer votre équipe et pour ce faire, vous passerez du temps dans les menus, ce qui n’est pas pour déplaire. Mécanique héritée du 1er opus, vous devrez attribuer une classe principale et une secondaire à chacun de vos personnages, disposant de compétences actives utilisables en combat et passives transférables d’une classe à l’autre, de statistiques, mais aussi d’une spécialité de classe et d’arme qui leur sont propres. Essayer de trouver les combinaisons les plus efficaces, développer une classe uniquement pour obtenir un passif convoité ou encore découvrir une classe transcendée par sa spécialité de maîtrise obtenue au niveau maximum sont autant de motivations qui vous pousseront à enchaîner les combats afin de récolter les fameux points pour faire évoluer ces jobs. Évidemment, vous n’échapperez pas à la gestion de vos équipements dont la limite de poids vous demandera de faire des choix, et des concessions avec là aussi une liberté de personnalisation de votre équipe en fonction de vos goûts ou des ennemis. Sur le fond, on ne peut pas reprocher grand chose à ce Bravely Default II. Sur la forme, c’est autre chose…
Un jeu loin d’être sans défauts

On ne demande pas à tous les jeux Switch d’être aussi beau qu’un FFVII « Remake », surtout si c’est pour proposer ce genre d’expérience cinématographique qui n’a plus de RPG que le nom, mais avoir le sentiment de jouer à un jeu DS n’est pas quelque chose de toujours très agréable, surtout quand on sait que la machine est capable de donner vie à des titres comme Breath of the Wild. Certes, les villages sont joliment représentés avec un style crayonné typique de la série, mais ce n’est ni la modélisation simpliste des personnages, ni la qualité de ses environnements qui justifient les baisses de framerate récurrentes, les saccades intempestives, un aliasing très présent et encore moins les mini temps de chargement avant de lancer une scénette de conversation ou à la fin d’une partie de carte. Avoir une qualité graphique modeste est une chose, avoir les défauts d’un titre poussant la machine dans ses retranchements en est une autre. Le fait que certains éléments énumérés précédemment se trouvent atténuer Switch en main renforce l’impression d’avoir un jeu « portable », avec tout le sens péjoratif du terme.

La partie technique a clairement été négligée, mais ce n’est pas la seule car si le jeu a tout misé sur ses systèmes de combat et de gestion de personnages, cela s’est fait au détriment de l’exploration. Les passages dans les donjons ne seront que prétexte à enchaîner les combats qu’il est heureusement possible d’accélérer, et ils pourront se révéler éprouvants et lassants, à cause d’un design peu inspiré, voir simpliste. En plus d’être peu motivants, ils souffrent d’un manque de variété accentué par un bestiaire recyclé beaucoup plus tôt que d’ordinaire dans ce genre de jeu, mais également par les 3 petites musiques que se partagent tous ces niveaux. C’est pourtant dommage, car pour finir sur une bonne note, les compositions de cet opus sont d’excellentes factures, avec un thème pour chaque ville bien à lui, des mélodies de combat stimulantes, parfois épiques, et une musique de la carte du monde prenant des airs différents selon les régions qu’il vous arrivera de fredonner après une bonne cinquantaine, voir une petite centaine d’heures.
Résumé :
Pas de doute : Bravely Default II est bel et bien ce qu’on appelle un bon vieux RPG à l’ancienne que les amateurs du genre apprécieront. On lui reprochera forcément ses aspects technique et graphique qui ne font pas honneur à la Switch, mais on ne pourra pas nier que le jeu dispose d’un des systèmes de combat au tour par tour les plus ingénieux et que sa gestion des classes parfaitement maîtrisée motive le joueur à aller de l’avant pour faire progresser son équipe afin de découvrir le fin mot d’une histoire assez classique mais prenante, jusqu’à la toute fin…
Bien | Pas bien |
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Histoire efficace | Les allures d’un jeu portable |
Un système riche et puissant | Une technique à la peine |
La personnalisation de son équipe | Des donjons peu inspirés |
Le B & D, un jeu dans le jeu | Bestiaire et musiques peu variés |
Une progression fluide | |
De belles compositions | |
Grosse durée de vie |